Sa tasse de thé chaud à la main lui brulait les doigts, mais elle était beaucoup trop concentrée sur son emploi du temps pour s'en rendre compte. Les yeux toujours rivés sur le document, elle grimpait les marches de l'université à toutes allures, en jetant quelques coups d'oeil de temps à autre.

La rentrée. Une bien étrange chose en ces temps si sombre. Mais que faire ? Il fallait bien continuer. Les jeunes gens doivent bien étudier s'ils veulent un bon avenir plus tard. Avenir, un bien triste mot. En tout cas, Charlie était sûre d'une chose, il y aurait moins d'élève cette année. En faite, il y a moins d'élève chaque année... abandon, rébellion, isolation ou mort.
La mort. Ce mot la hantait sans cesse, depuis...

A peine eu t-elle le temps de relevé les yeux que tous ces papiers ce retrouvèrent à terre, une douleur s'élançait de son pied au même moment, et elle sortit de ces pensées. Rater une marche parait si stupide, mais pourtant elle lui avait permit d'éviter de ce rappeler de mauvais souvenir.
A présent brulée, essoufflée et meurtrie elle reprit son calme et marcha en direction de la salle des professeurs.

Dans le hall, il y régnait un vacarme comme on en voyant pas souvent. Des rires, des fracas et même des cris, remplissait l'espace. C'était comme si de rien n'était, comme si tout était normal. Enfin, presque... Charlie ne fût pas surprise de constater que les évènements actuels étaient de la partie. Sur le grand panneau d'expression libre sur un prospectus apparaissait en grosse lettres rouge "A BAS LE VIRUS" et plus loin "REBELLEZ VOUS! REJOIGNEZ NOUS!" . Pas vraiment étonnant qu'il y est de moins en moins d'étudiant. Finalement, la rentrée s'annonçait mouvementée...ou pas...

Les yeux rivés sur les troublantes affiches, Charlie avançait d’un pas lent, songeant, sans se douter que quelques secondes plus tard, un choc allait la sortir de ses pensées.
Pour la deuxième fois en l’espace de quelques minutes, ces dossiers s’étalèrent à nouveau sur le sol, et pour la seconde fois encore elle ressentit une légère douleur. Elle leva la tête brusquement et cligna des yeux, comme pour comprendre la situation.

«... Désolé. J'regardais pas ou je marchais.»

Elle regarda attentivement la personne responsable de l’entrechoc, c’était un jeune homme aux cheveux châtains, d’une imposante musculature, mais il dégageait quelque chose d’étrange. Charlie ne tarda pas à remarquer son air triste et songeur.
C’était comme si son corps était présent mais son esprit ailleurs. Il la regardait d’un air gêné et la jeune femme lui sourit comme pour le rassurer.

« Ce n’est rien, je ne regardais pas vraiment où j’allais moi non plus.»

Elle se hâta de ramasser ces quelques affaires dispersés sur le sol et son regard se replongea à nouveau dans le regard du jeune homme, comme si quelque chose, une émotion, qu’elle n’avait ressentie depuis longtemps, était revenue d’un seul coup.
Elle pensa alors à son fils. Pourquoi ? Elle ne le savait pas. Mais le simple fait de se trouver en face de ce jeune homme la rendait soudain nostalgique. Des milliers d’image se mirent à courir dans sa tête, elle ne pouvait s’empêcher de se demander à quoi son fils, s’il avait survécu, aurait-il pu ressembler. Cette situation soudaine lui paraissait ridicule, il fallait l’oublier. Elle sortit de ces pensées et considéra le jeune homme une seconde fois, de toute évidence il semblait perdu, et elle se devait de l’aider.

« Est-ce que vous chercher quelque chose en particulier ?...Je travaille ici… Est-ce que je peux vous être utile ? »